J’ai commencé à jouer avec le hasard lors de résidence d’artistes. M’amuser avec des matériaux oubliés par les anciens résidents. et parfois prêts à être jetés. Lâcher avec mes intentions premières en utilisant les matériaux disponibles : cartons, papier de soie, papier bible, papier goudronné, papier industriel. Découvrir les qualités et aléas de ces supports. Jouer pendant ces quelques semaines de travail intense dans des expériences, des recherches plastiques en roue libre, avec la joie enfantine d’inventer, de trouver des solutions, de me laisser surprendre… ou d’accepter la déception.

Les pas de côté m’ont amenée à travailler le kakémono, à profiter d’un rouleau de carton perdu dans un coin. à dérouler toujours plus grand, plus long. Mes kakémonos structurent l’espace, se répondent, jouent avec la lumière et la transparence. Le recto influence le verso, à moins qu’ils ne soient totalement séparés, voire contradictoires ou opposés : c’est selon le mouvement et l’éclairage. Les voilà adoptés par les enfants qui aiment circuler entre et jouer à cache-cache. Ils sont certes fragiles et demandent attention mais font preuve aussi d’une grande résistance. Roulés sur eux-mêmes pour tout déplacement, ils se déploient et prennent leur envol, suspendus au ciel quand ils s’exposent. En prolongement j’ai mené des ateliers avec des enfants sur ce format, créant avec eux une installation sur la chronologie, le temps et leur vie.