J’arpente le monde en suivant les lignes de mes cartes routières. Je suis ces fils symboliques qui maillent le territoire. Je choisis de les effacer, les déplacer, les renforcer au gré de mes intuitions. Je  propose une nouvelle topographie où je rajoute des forêts, des cours d’eau, des lignes de partage. J’efface certains noms, j’en souligne d’autres. Rien d’établi au préalable. Aucun objectif précis, seul la route et le voyage m’intéressent. Au fur et à mesure une histoire m’est racontée. Le sujet apparaît, impératif. Et deviendra titre de l’oeuvre.

Ce sont des objets utiles, de la vie quotidienne avant que la technologie ne prenne le relais. Souvent trop grande quand on la déplie, difficile à replier selon le bon mode d’emploi. Elle avait une vie faite des habitudes de leur propriétaire. Parfois usées, certains plis marqués, elle témoigne d’un avant. Je choisis de garder chaque pli, de garder sa forme pliée comme oeuvre finale. Quand je l’expose sur un mur, je choisis de la suspendre sans cadre en accordéon plus ou moins serré.

Mes cartes deviennent œuvres magiques qui se lisent tel des livres, avec méandres et rebondissements. Mes cartes dans leur sac de toile s’emportent et se posent, point d’ancrage là où l’on se trouve.